De mon enfance, reviennent parfois des souvenirs..
Des moments tristes, et aussi des instants de bonheur.
Sur le net, une dame qui habite au coin de ma rue des Boyers me demandait il y a quelques jours, si la maison qu'elle occupe a une histoire.
J’ai répondu que non. Mais la maison a coté de la sienne en a une. Parce que dans ma prime jeunesse, deux familles l'occupaient.
Celle qui fait le coin de la rue, vers la chapelle St Roch, était la maison des Brun. La grand mère Brun, née Icard, comme moi , était une lointaine cousine de mon grand père paternel.
C'était une personne très âgée. Je la vois encore avec son chapeau de paille, retenu par un foulard attaché sous son menton.
Elle charriait toujours des fagots de bois pour sa cheminée basse, où elle faisait sa cuisine.
Elle avait deux enfants. Une fille ,assez excentrique , qui était propriétaire de la maison de l'hôtel de Nice ( et la mère de Guy Jourdan ,le mage de Bargemon )et puis d'un fils, Fernand, qui avait, si je ne me trompe pas ,six enfants. Tous ont passé leur jeunesse a Flassans. Il ne reste que Mireille et Philippe.
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Pour le coté de la maison qui donne dans la grande rue, il était occupé par un couple comme on n'en fait plus...
Marie et Émile Guigou.
Émile avait été garde municipal et Marie élevait Henri, leur fils unique. Il travaillait pour l'EDF et relevait les compteurs du village.
Des personnes très honnêtes et intègres, sérieuses, que le Docteur Mazard , qui habitait Carcès ( à 25 km de chez nous) avait choisies pour être son point de chute à Flassans.
Il recevait donc ses patients, une fois par semaine, dans la cuisine de Marie.
La salle d'attente était...le couloir, et les escaliers quand il y avait trop de clients!
Marie se faisait un honneur de tenir son logement, qui était ancien et assez vétuste, dans un état de propreté extraordinaire. Le jour des visites, le matin a l'aube, elle brossait tout a l'eau de Javel.
Si vous étiez dans les premiers clients l'odeur vous suffoquait!
Mais bon, entre l'odeur et les microbes, elle avait choisi...
le Dr Mazard qui sentait si bon la lavande fine..Tant d'années après, j'ai encore ce parfum qui me le rappelle, quand je rencontre quelqu'un qui le porte..
Et ses chaussettes blanches torsadées, tricotées a la main par quelque vieille admiratrice.....
un jour ,le Docteur prenant de l'âge, n'est plus venu faire ses tournées habituelles..
Marie a continué a frotter ses escaliers...
Émile, avec sa carriole de bois a grandes roues, allait a son jardin de la route de Gonfaron...
Il charriait des bonbonnes d'eau pour arroser ce beau carré où poussaient la verveine, les artichauts, les salades, je le vois encore avec son arrosoir en fer...
Puis un jour, alors que je revenais d'un enterrement, j'ai vu Marie a la fenêtre....
Elle m'appelait au secours.
Émile était tombé, victime d'une attaque.
Avec mon oncle Émile Reynier, nous l'avons allongé sur le divan, dans la cuisine où rien n'avait changé...
Il en est mort. Marie l'a suivi, quelques années plus tard.
Ils s'étaient accompagnés si longtemps, sur cette terre...
De braves gens, sans problèmes. Qui ont partagé un bout de notre chemin.
J'ai bien aimé vous raconter un bout de leur histoire.Les gens ne meurent pas tant qu'on se souvient d'eux...
A ben leù, dit mémé