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Du bonheur d’être un ange….
Il y a (souvent) des jours comme ça où l’on se demande pourquoi on s’est levé de son lit bien douillet.
Pour moi, c’était hier matin. Pépé sort de son lit et vient me réveiller en sursaut à 7h pour me demander si je vais bien…
Je réponds : « j’allais bien » … Maintenant, je sens que le mal de crâne arrive !
Bon, puisque je suis réveillée, autant me lever n’est ce pas ?
Première des choses, aller ouvrir la porte du poulailler. Et donner à manger à mes gallines.
« Pue thym » Il pleut….Trop tard, j’ai les pantoufles dans l’eau de la terrasse !
Je vais chausser mes sabots de caoutchouc, et me voilà partie au « château » de mes poulettes. C’est sans compter sur mes magnifiques lilas, qui, imbibés jusqu’au trognon de leurs grappes de fleurs mauves, se penchent gentiment pour me saluer.
Quand je redescends, je peux entrer direct dans la douche…
Allez, mes cachets, mon thé, mon vieux treillis, et mon pull informe.
La journée démarre.
Pépé dit: - il pleut trop. On va aller au pain et au journal en voiture.
(Nous habitons a près d’un kilomètre de la « civilisation ». )Pas de souci…
Enfin pas encore.
Arrivés à l’entrée des Boyers, je suis un camion, qui lui même suit un autre camion ( avec une remorque) chargé de troncs de pins ;ça freine devant.
Je sens que ça se gâte ! Les deux camions reculent. Et je vois qu’en face arrivent un camion grue et un camion toupie à béton… Pauvre de nous ! Déjà qu’un seul camion a de la peine a se frayer un chemin, on est propres.
Donc, je mets mon « warning » et je recule. Je ne sais pas si vous avez essayé de reculer dans un tournant, sur une distance de près de 100 mètres, sous une pluie battante, dans un vieux kangoo qui a un essuie glace arrière bien fatigué, mais je vous le dis, ce n’est pas triste.
Ma hantise, c’est que les gens arrivent à fond la caisse sur cette route, et je n’ai pas envie de jouer aux autos tamponneuses.
Bon,partie du tournant des Thomas, j’arrive au lavoir de la Rouquette sans encombre et j’attends.
Pas longtemps !
Derrière moi , arrive un autre camion, qui transporte une voiture accidentée, qui me klaxonne, genre "elle fait quoi cette vieille muscade au milieu de la route" ?
Je descends de la voiture, et je lui chante la messe…
----Madame, calmez vous.
juste pour vous montrer la largeur de la rue….
Il vient de voir les deux camions qui reculent comme ils peuvent. On est coincés pour de vrai….
Alors je dis:
- écoutez, je vais passer par un petit chemin, si vos voulez que l’on « débouche » la route, vous me suivez.
Les camions devant sont énormes, mais le sien, je sais qu’il passera. Parce que ça fait 50 ans que j’ai mon permis Poids Lourds, et que malgré les apparences, je ne suis pas encore gaga !
- Vous êtes sûre Madame ?
- - Je vous dis que OUI !
Et nous voilà engagés sur la route du Plan.
Il y a deux ponts en L à franchir et le chemin est super étroit.
Je rigole dans ma barbe en pensant que le pauvre routier doit « serrer les fesses » !
Quand on arrive au bas de la côte , après le stade, je stoppe et je lui dis de se méfier, car la sortie est « raide ».Je vais vous attendre, Monsieur, et je vous montrerais où il faut tourner.
A ce moment là, il ôte sa casquette, et avec un sourire magnifique, il répond :
-Madame, vous êtes un ange !
Il y a peu de chance que quelqu’un me le redise demain, qué ?
Comme j’étais contente ! je n’ai plus vu la pluie, je n’ai plus entendu pépé rouspéter…
C’était , comment vous dire…gratifiant !
Vous voyez, comme quoi, les petits bonheurs du matin font les belles journées des mémés….
Je vais tout de même regarder si sous ma bosse,il n’y a pas des petites ailes qui poussent ! On ne sait jamais !
