Le temps d’avant…suite.
Je vous disais donc que la lumière n’était arrivée que bien plus tard dans nos campagnes…
Et quand j’étais petite, il y avait encore des pièces « sournes »( obscures )dans ma maison. La pièce des tourterelles (où mon frère élevait des grives et autres oiseaux…) la petite cave, sorte de réduit aménagé dans une ancienne cuve à vin ,où l’on conservait les jambons crus, le lard,, la ventresque, et autres salaisons que ma mémé faisait avec nos cochons, et bien sûr le grenier, où l’on montait le foin pour le cheval..
Dans ces pièces là , on s’éclairait avec une lampe à pétrole, sauf au grenier, où l’on n’allait que de jour.
Souventes fois, ma mère tremblait ; par exemple quand j’aidais mon père à sertir les cartouches pour la chasse.
Nous les faisions sur une table, à la chambre des tourterelles, et
la poudre à fusil jouxtait la lampe à pétrole !
Nous étions très attentifs…je tournais la manivelle de la sertisseuse avec d’infinies précautions.
La maison n’était pas chauffée. Au rez de chaussée, le cheval dans l’étable, tenait compagnie au chien, et au furet. Cet animal, que je n’aimais pas beaucoup, mon père l’utilisait pour « débusquer » les lapins de garenne dans les clapiers .On le gardait dans une cage car il avait des dents très acérées qui laissaient de mauvais souvenirs !
Au premier étage se trouvaient la cuisine, la grande salle à manger, et une chambre de « réserve ».A l’entre deux, la petite cave, creusée dans le rocher.
Seule la cuisine , avec sa cuisinière à bois, avait une température agréable en hiver ..La salle à manger possédait une cheminée à « crémaillère » que ma mère allumait pendant les fêtes.Le reste du temps c’était un « géladou »où l’on n’entrait que rarement !
On restait à la cuisine. Mon père , qui toute sa vie s’est levé à quatre heures du matin pour donner au cheval (le cheval devait manger et digérer avant d’être attelé à 6h pour partir à la campagne)allumait la cuisinière et mettait le café en train….le premier ! car ma mère avait en permanence la cafetière au chaud ; elle en buvait 6 à 8 tasses par jour…
Dans cette cuisine, on se lavait aussi…Pas de salle d’eau.Une vieille mais néanmoins imposante bassine de zinc faisait office de « baignoire » et l’eau chauffait sur la cuisinière. Nous n’avions pas de gaz non plus !
On me lavait la première.J’étais petite, il ne fallait pas beaucoup d’eau ( !)puis ma mère se lavait à son tour.Les hommes venaient après.Mon frère, puis mon père, qui,plus souvent qu’à son tour se lavait à l’eau froide !!!
L’été , on se lavait à la rivière….Hé oui !C’était comme ça !
Dans les chambres pas de chauffage.Ma mémé m’avait donné une jolie « brique » de faïence, qui chauffait dans le four, et le soir, avant de souper, vite je la montais dans mon lit, bien chaude, au milieu des draps de toile de maison qui semblaient mouillés,tellement ils étaient froids…On avait de gros édredons de plumes, que mémé avait fabriqué avec le duvet des canards….
On était habitués comme ça !
Que de livres j’ai dévoré, assise sur ma chaise, les pieds « dans le four » de la cuisinière, au grand dam de ma mère qui avait peur que j’attrape des engelures !
(la suite arrive !!!!!!!!!!!!!!!!!)
Bisous de votre mémé