L'on se dit, parfois, qu'il y a des personnes qui ne devraient pas mourir...
Des gens que l'on aime beaucoup, que l'on admire, que l'on cite en exemple....
Je viens de perdre l'un de ces êtres d'exception,
qui est parti rejoindre son épouse, à 90 ans.
Nous correspondions par Internet.
Oui oui! à 90 ans ,il se tenait au fait des choses qui se passaient en ce bas monde...
Nous avions travaillé ensemble au journal Var Matin ...
Lui était correspondant pour son village des Mayons, et chaque dimanche il nous servait une chronique en Provençal, d'une bien belle plume....
"Lou relarg prouvençau"...
Ceci pendant plus de trente ans...
je tenais la chronique locale pour mon village... J'ai arrêté bien avant lui!
Cet homme, d'une érudition peu commune et d'une simplicité identique, si affable et si généreux,
c'était René Nonjon, Reiniè de la Mauro....
( le village des Mayons est niché aux pieds des Maures )
Il était professeur de Français au collège du Luc en Provence, ainsi que son épouse Simone.
Ses élèves, s'ils ont suivi sa morale et sa rigueur, sont certainement devenus des femmes et des hommes cultivés et honnêtes! je n'en doute point!
Il avait fondé, avec d'autre amis, la "confrérie des Mestres Aiolaires" , et, avec de nombreux "libriouns", il avait aussi écrit le déroulement de la Révolution de 1789 ,pour son village des Mayons.
Conseiller municipal, il a oeuvré avec ardeur pour les intêrets de la commune.
Il était, en tant que laïc, délégué de l'éducation nationale, défendant avec une belle énergie, l'école de la République....
Ses Mayons! Il aimait ce village plus que tout autre...Il connaissait son environnement par coeur.
Quand j'étais encore une enfant, j'allais souvent chez des amis de mes parents, et quand plus tard, je lui parlais des "Suvières", de "Rascas" ou des "Launes", il était si heureux que des petites bélugues brillaient dans ses yeux.
Militant actif de "La Violette des Maures" , il avait l'estime de tous.
Maintenant qu'il nous a quittés, le village va me sembler bien vide.
Au cimetière, de nombreux hommages lui ont été rendus.
Son fils Alain, et la famille en ont été réconfortés.
J'ai repris ma route, après ces obsèques si prenantes, j'ai quitté mon ami dans ce tout petit cimetière entouré de mimosas et d'anémones sauvages.
Dans le ciel, des tas d'oiseaux montaient vers les nuages...Je l'ai imaginé, libre et heureux, s'envolant avec eux...
Je souriais; moi, la vieille dévote.
Nous n'étions pas d'accord, juste sur ce point...Il n'était pas croyant.
Que toutes ces discussions vont me manquer.....
Le vent soufflait comme jamais!
Quand je suis passée en voiture, sous cet amandier, j'ai reçu une pluie de pétales de fleurs.
Il me plait de croire que c'était "son" aurevoir !
Adessias, Mestre....
Que "mon" Dieu existe...
Ou qu'Il soit différent du mien,
ou qu'il existe autre chose....
Je sais que vous êtes entré avec les honneurs qui sont dûs aux braves gens et aux hommes de coeur dans la lumière.
mounico.